On a souvent parlé de l’enfant roi, ce petit être auquel on cède tout, qui exige toujours plus, refuse les règles, et accuse les adultes de cruauté à la moindre frustration. Et si, aujourd’hui, ce phénomène avait contaminé le monde du travail ?
Il existe un nouveau profil dans certaines organisations : le salarié roi. Celui qui, dès son embauche, place la barre très haut. Il ne demande pas, il exige. Il ne propose pas, il impose. Il n’attend pas, il réclame. Et surtout, il n’admet aucune contrariété. À la moindre remarque, c’est la levée de boucliers : on parle de harcèlement, de manque de reconnaissance, d’environnement toxique.
Pourtant, ce salarié a tout. Une écoute attentive. Des horaires aménagés. Un management bienveillant. Des outils pour s’exprimer, une politique RH à l’écoute, un accompagnement individualisé. Mais plus on lui donne, plus il en veut. Jamais satisfait. Toujours dans la critique, rarement dans la gratitude. Et surtout, il interprète tout : un silence devient du mépris, un mail devient une agression. Rien n’est factuel, tout est subjectif.
Et les managers dans tout ça ?
Ils doivent jongler avec des objectifs de performance, une pénurie de talents, des règles RH de plus en plus strictes et des équipes hypersensibles à la moindre tension. Ils doivent être exemplaires, disponibles, empathiques, réactifs, justes, inspirants... mais surtout ne jamais craquer.
Car s’ils osent hausser le ton, poser un cadre ou dire non : la sanction tombe. Ils deviennent des bourreaux. Des "toxiques". Et parfois, ils sont mis à l’écart, jetés sans ménagement, sans qu’on ait écouté leur version.
Alors qui prend soin des managers ? Qui soutient ces directeurs, responsables, chefs d’équipe, qui s’effondrent en silence, rongés par la pression, la solitude décisionnelle, et l’injonction à tout réussir sans jamais blesser personne ?
L'entreprise est une communauté, pas une crèche
Replacer le cadre. Assumer l'autorité. Redonner du sens à la responsabilité individuelle. Le salarié roi ne peut pas devenir la norme, car une entreprise n’est pas une crèche où l’on doit gérer les caprices au détriment du collectif.
Les droits doivent s’accompagner de devoirs, et l’écoute ne doit pas se transformer en soumission.
Il est temps de redonner toute sa place au respect mutuel, à la parole des managers, et à l’équilibre des relations professionnelles. Pour que l’entreprise reste un lieu de travail, de collaboration, de croissance, et pas un théâtre d’accusations permanentes.